Exposition
De la haute-couture au prêt-à-porter, jusqu’aux papiers peints aux motifs ethniques, les univers de la mode et de la décoration occidentale ont intégré le style ethnique, ultra-tendance, dans leurs collections, contribuant à en véhiculer des clichés. Nous oublions ainsi en Occident la vocation première de ces tissus du bout du monde. Des tissus appliqués des Kubas, aux pagnes de mariée et mortuaires qui accompagnent le défunt dans l’au-delà, aux kimonos, porteurs de toute une symbolique, chaque tissu raconte une histoire, décrit des rites et des mythes cosmogoniques que seuls les initiés peuvent décrypter. Premier ancrage spatio-temporel du mythe, le tissage est une transcription de la tradition orale, qui se donne à lire à travers des signes graphiques, abstraits ou plus ou moins figuratifs. C’est ainsi que dans la langue Dogon, le mot tissu signifie « c’est la parole » et le tisserand (sointi) celui qui fait la parole.
En se réappropriant les tissus dans leur série photographique NORD SUD, présentée en regard de leur exposition d’illustrations NORD SUD, Elsa Mroziewicz et Saba Niknam leur redonnent ainsi leur dimension première de médiateurs d’accès aux mythes fondateurs. Il ne s’agit pas ici d’avoir une approche ethnographique mais plutôt de donner à lire une mythologie imaginaire dont les racines et les sources sont multiples : livres de motifs, photographies, costumes, coiffes, sculptures, rappelant ainsi qu’au delà de leur fonction purement utilitaire et ornementale, ces tissus ont avant tout une valeur symbolique et rituelle.